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Réussir son retour de congé maternité

Retour de congé maternitéPérimètre à reconquérir, équipe à retrouver, rythme à stabiliser… Pour les jeunes mères, revenir au bureau n’est pas une étape aisée.

Quatre mois au large et un accouchement. Ensuite, il faut revenir au bureau. Qu’elles l’attendent ou l’appréhendent, ce retour constitue pour les jeunes mères un moment charnière, une période sensible qu’il faut parvenir à gérer malgré les contraintes liées à la parentalité et l’accueil pas toujours délicat des collègues.

Car l’entourage professionnel l’oublie trop souvent : les femmes qui terminent leurcongé maternité ne reviennent pas de longs mois de vacances, mais sortent d’une période compliquée, tant pour l’esprit que pour le corps. « Les séquelles physiques de l’accouchement rendent encore plus compliqué le retour au travail », rappelle Marlène Schiappa, auteur du « Guide de la grossesse de Maman travaille« .

« A mon retour, je n’ai plus aucune mission, je ne sers à rien, je ne fais rien de la journée »

Pour faciliter la transition, il peut se révéler utile de contacter son manager avant le jour de la reprise. C’est le moment de faire le point : ce qui a changé, ce qu’il attend de vous mais aussi ce que vous souhaitez. Tout doit être passé en revue : les questions pratiques (récupérer son bureau), les aménagements d’horaires (partir plus tôt un soir de la semaine), les ambitions professionnelles (récupérer tel ou tel projet)… Car, au moment de reprendre place dans l’open space, l’heure est à la reconquête : dossiers, prérogatives et même territoires. Autant prendre les devants en clarifiant la situation avec son boss.

Mise au placard

Le risque est en effet réel de voir sa place dans l’organisation remise en question. Absentes plusieurs mois du bureau, ces femmes retrouvent des équipes qui ont continué à travailler sans elles et parfois des chefs qui estiment pouvoir se passer d’elles. « Je gérais une équipe de 10 personnes avant mon congé maternité, raconte Jeanne. A mon retour, on me confie une équipe de 4 collaborateurs complètement autonomes, je n’ai aucune mission, je ne sers à rien, je ne fais rien de la journée. »

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Moins de responsabilités ? L’ennui guette. © Syda Productions – Fotolia.com

La mise au placard après un accouchement n’est heureusement pas la règle. Mais l’exclusion peut être plus insidieuse et, au final, toute aussi violente. Des réunions calées en fin de journée au moment de récupérer son enfant, des instants de convivialité trop tardifs et pourtant déterminants pour le réseautage… Même le regard porté sur la revenante évolue, comme si la maternité l’avait fait changer d’univers. « On nous parle parfois comme si nous étions restées prisonnières, enfermées voire séquestrées, souligne Marlène Schiappa. Lorsque je suis revenue de mon second congé maternité, un stagiaire m’a demandé si je connaissais Facebook ! »

Anticiper son absence

Un retour couronné de succès commence par un départ réussi. A la différence d’un arrêt maladie qui survient sans crier gare, le congé maternité peut s’anticiper. Mieux vaut donc préparer son absence en bouclant ses dossiers, en préparant la passation de témoin, voire en choisissant son remplaçant. « J’avais pris soin de choisir moi-même la personne qui allait me remplacer durant ce congé, se souvient Gaïa. Donc je suis partie en confiance et je suis revenue en sachant que les dossiers étaient à jour et correctement traités. Au bout d’une semaine, j’avais presque l’impression de ne pas être partie 4 mois. »

Pensez aussi à prévenir vos interlocuteurs réguliers (clients, fournisseurs, autres services…) pour qu’ils ne tombent pas de l’armoire en apprenant votre absence. Et au moment de partir en congé, rappelez bien votre date de retour : ce n’est qu’une parenthèse, pas un départ.

Des droits particuliers

Pour simplifier votre retour, pensez aussi à vous renseigner sur la réglementation en vigueur. Comme pour la femme enceinte au travail, certaines dispositions légales et conventionnelles confèrent des droits particuliers aux jeunes mamans. Le premier d’entre eux consiste bien évidemment à retrouver son travail et son salaire. En revanche, rien n’oblige l’employeur à affecter une femme revenant de congé maternité au poste qu’elle occupait précédemment. Là encore, mieux vaut en discuter le plus tôt possible pour éviter les mauvaise surprise.

« La question du partage des tâches entre l’homme et la femme est déterminante »

« Au retour, on m’a changée de bureau, plus de dossier, de fichier, d’ordinateur comme avant mon départ, raconte une lectrice du JDN à qui on avait retiré toutes ses fonctions. Je me suis retrouvée comme si je venais de commencer à travailler pour cette entreprise. Un mois après mon retour, j’ai été virée pour faute grave. » Pourquoi attendre un mois ? Justement parce qu’un employeur ne peut licencier une salariée pendant les quatre semaines qui suivent son retour de congé maternité. C’est là une autre spécificité juridique visant à protéger les jeunes mères.

D’autres dispositions sont destinées à simplifier la vie des jeunes mamans. Les grandes entreprises de plus de 1 500 salariés doivent mettre à disposition une salle où les mères peuvent tirer leur lait. Un temps partiel peut aussi être demandé : l’employeur ne peut vous le refuser… mais il n’est pas obligé de vous accorder le mercredi après-midi comme vous le vouliez.

Et le père ?

Enfin, la réussite du retour au travail ne dépend pas uniquement de votre DRH, votre manager et vos collègues. Il dépend aussi de votre couple. « Après un congé maternité, 63% des femmes se disent épuisées, souligne Marlène Schiappa. La question du partage des tâches entre l’homme et la femme est donc déterminante. » En dépit du regard étonné et des remarques amusées, un jeune père qui passe au quatre cinquièmes ou qui accepte de partir plus tôt certains soirs de la semaine offre un précieux soutien à sa conjointe. Et facilite grandement son retour dans la vie active.

 

Source le Journaldunet