Les pères pionniers : derrière chaque grande femme se cache un grand homme

Avec le soutien de la Ministre fédérale de l’égalité, Joëlle Milquet, JUMP et Bain & Company ont interrogé plus de 150 personnes qui ont fait ce choix. Voici les principales conclusions de l’enquête :

1. La motivation principale : soutenir, à long terme, la carrière de sa partenaire

Sur base des résultats de l’étude, deux raisons principales semblent motiver ce changement des rôles : le soutien de la carrière du conjoint et l’envie de consacrer plus de temps à sa famille.

L’étude montre aussi que la plupart des ménages ne considèrent pas ce schéma familial comme une solution de rechange ou de dépannage mais plutôt comme une solution durable pour leur famille.  En effet, 88% des pères interrogés assument cette responsabilité depuis plus d’un an et près de 50% l’assument depuis plus de 5 ans.  Parallèlement, 58% d’entre eux ont l’intention de conserver cette responsabilité pour plus de 3 ans ou indéfiniment.

Cet engagement à long-terme se reflète dans la répartition des tâches quotidiennes. 61% des pères de famille estiment être le responsable principal des tâches ménagères. Toutefois, les décisions financières et celles concernant l’éducation des enfants sont davantage partagées et concertées dans le couple.

2. Quels sont les conséquences de ce choix ?

Les pères pionniers perçoivent deux avantages principaux à leur choix : l’opportunité d’une meilleure carrière pour la partenaire et le bonheur des enfants. Deux éléments qui rejoignent les raisons de leur choix. Du côté des mères, elles apprécient ces deux éléments tout comme la notion de « repos et moins de stress dans le ménage ».

De manière globale, plus de la moitié des pères interrogés sont satisfaits de leur situation. Même si 30% d’entre eux éprouvent, parfois, des sentiments mitigés face à leur choix.

3. Des obstacles persistent

Malgré les nombreux avantages répercutés sur leur vie de famille, les pères pionniers rencontrent certaines difficultés :

  • La contrainte financière est un élément important. Le ménage ne peut pas se permettre autant de dépenses que dans une situation où deux salaires plein temps subviennent aux besoins. L’homme peut aussi avoir des difficultés à accepter sa dépendance financière.
  • L’exclusion de la vie (partielle ou totale) active est un autre point d’achoppement à ce modèle familial.  Les pères évoquent leur isolement et la baisse d’invitations.
  • La pression de l’employeur et les conséquences de leur choix sur leur carrière représentent un frein. Ceci se reflète dans le souhait des pères pionniers d’avoir plus de flexibilité au travail et d’une reconnaissance du rôle parental du père plus élevée.
  • La perception de l’entourage constitue également un obstacle. Les pères de famille interrogés ressentent un soutien relativement modeste de la part de leur famille, leurs amis et leurs collègues de travail.

Les obstacles clés identifiés par les pères sont directement liés à la diminution de leur temps de travail. On remarque que 92% des pères ciblés travaillaient précédemment à plein temps. Suite au choix de prendre plus de responsabilités familiales, ils ne sont plus que 57% à travailler à temps plein, les temps partiels et les pères au foyer augmentant fortement.

4. Demandes vis-à-vis de la société

Les ménages interrogés souhaiteraient, avant tout, plus de flexibilité au travail, l’amélioration de services de garde d’enfants ainsi que la reconnaissance et la promotion du rôle parental du père dans la société et les entreprises. Ceci se traduit de trois manières :

  • Offrir des options de travail flexible pas seulement aux mères mais aussi aux pères. Ces programmes sont de plus en plus demandés et, selon une étude précédente, lorsqu’une entreprise ne les propose pas à ces employés, ceci  impacte très négativement leur satisfaction vis-à-vis de leur employeur.
  • Améliorer la visibilité des pères qui ont choisi plus de flexibilité tout en conservant des postes à responsabilités et des possibilités d’évolution dans leur carrière. Ceci permettrait de faire évoluer les mentalités et la perception de ces programmes.
  • Améliorer les services de garde d’enfants et promouvoir le rôle du père, en revoyant par exemple le congé parental, par le gouvernement

Ces couples qui inversent les rôles traditionnels de genre doivent être érigés en véritable « role models » pour ouvrir de nouveaux champs de liberté aussi bien aux femmes qu’aux hommes sans en être stigmati

Source Isabella Lenarduzzi, article RTL.be
Fondatrice et directrice de JUMP « Empowering Women Advancing the Economy »
www.jump.eu.com