Pas de femmes, peu d’étrangers…Le profil immuable des patrons du CAC40

Le 22 octobre 2014, deux jours après la mort de Christophe de Margerie dans un accident d’avion sur le tarmac de l’aéroport de Vnoukovo, à Moscou, le nom de son successeur à la tête du groupe Total est publiquement annoncé : ce sera Patrick Pouyanné, ancien responsable de la branche raffinage-chimie du géant pétrolier français.

Entré chez Total par sa filière angolaise en 1997, Patrick Pouyanné correspond au profil « type » du dirigeant d’une entreprise du CAC 40, l’indice des principales capitalisations boursières françaises : un homme, plutôt âgé et passé par de grandes écoles. En l’occurrence, le nouveau patron de Total, né en 1963, est diplômé de polytechnique et ingénieur du corps des mines.

L’exemple de M. Pouyanné n’est pas un cas isolé. Il illustre le manque de diversité du « corps » dirigeant en France. Ce que confirme – s’il le fallait – l’analyse des mouvements survenus au sein des directions des entreprises du CAC 40 au cours de l’année écoulée.

Des profils homogènes

Entre les mois d’octobre 2014 et d’octobre 2015, on recense 50 hommes passés par les directions générales des firmes du CAC 40, sachant que neuf directions ont été renouvelées et que PSA est revenu dans l’indice. Leurs profils demeurent assez homogènes.

Pas de femmes

Aucune des 40 entreprises cotées composant l’indice boursier n’a de femme à sa tête. Isabelle Kocher, qui doit succéder à Gérard Mestrallet à la tête d’Engie – anciennement GDF Suez – en 2016, devrait être la première à rejoindre ce club très exclusif des PDG du CAC 40, près de 30 ans après la création de l’indice phare de la Bourse de Paris.

La loi dite « Copé Zimmermann » impose de fait qu’au moins 40 % des administrateurs des entreprises cotées en bourse soient des femmes. Cette obligation prendra effet au 1er janvier 2017.

Au sein du CAC 40, les femmes occupent, au total, un tiers des sièges d’administrateurs. L’objectif de 40 % est déjà atteint dans neuf entreprises – Alstom, Engie, PSA Peugeot Citroën notamment.

A titre de comparaison, à Londres, les entreprises membres du « footsie » – FTSE 100 – comptent sept femmes « CEO » ou « chief executive officer ». Aux Etats-Unis, elles sont 24 à diriger des entreprises cotées dans l’indice S&P 500.

Peu d’étrangers

Les patrons d’origine étrangère restent rares au sein du CAC 40. On en compte trois : l’Indien Lakshmi Mittal (Arcelor Mittal), l’Allemand Thomas Enders (Airbus) et le Portugais Carlos Tavares (PSA).

 

 

 

Source : Simon Auffret et Mathilde Damgé pour « Le Monde ». Novembre 2015