INSEE publie une nouvelle étude sur l’entrepreunariat féminin : « encore des inégalités FH »

 

Les femmes qui travaillent en indépendantes ou dirigeantes salariées d'une entreprise gagnent 31% de moins que les hommes selon une récente étude de l'Insee.

Les femmes qui travaillent en indépendantes ou dirigeantes salariées d’une entreprise gagnent 31% de moins que les hommes selon une récente étude de l’Insee.
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Une étude de l’Insee révèle que d’importantes disparités demeurent entre hommes et femmes qui occupent la tête d’entreprises, qu’ils soient indépendants ou dirigeants salariés. Un exemple : les femmes gagnent encore 31% de moins que leurs collègues masculins à ces postes.

Minoritaires et toujours moins bien payées. Tel est le constat que fait l’étude publiée par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), ce mardi 28 juillet, sur les indépendants et dirigeants d’entreprises.

En France, les femmes ne sont qu’un tiers à occuper la tête d’entreprises. En 2012, elles sont 900 000 à travailler en tant qu’indépendantes ou dirigeantes salariées contre 1 800 000 hommes (hors agriculture).

40% d’entre elles sont auto-entepreneures, une activité qui permet de concilier son métier avec la vie de famille en travaillant parfois chez soi et qui s’exerce « à une échelle plus modeste, en particulier en complément d’une activité principale« , souligne l’Insee dans son rapport.

Les femmes ne sont plus que 25% gérantes de sociétés à responsabilité limitée (SARL) et 17% dirigeantes de SARL.

Plus grande est l’entreprise,
moins nombreuses sont les femmes

Plus la taille de l’entreprise à diriger est importante, moins les femmes sont nombreuses à assurer les postes de direction : 37 % d’entre elles travaillent seules dans leur entreprise, 28 % dans les sociétés de 2 à 4 personnes et leur proportion baissent encore davantage parmi les dirigeants d’entreprises de 20 à 49 personnes (16 %) et dans celles de 50 personnes ou plus (14 %).

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Les métiers ont encore un sexe

Les femmes accèdent donc encore difficilement à des postes de responsabilité dans l’entreprise. Quand elles y parviennent, c’est encore dans des domaines « traditionnellement » féminin.

« Aux hommes, la production et l’ingénierie, aux femmes, l’éducation, la santé, le social. Existerait-il des métiers plutôt féminins ou plutôt masculins ? Filles et garçons auraient-ils des aptitudes spécifiques qui les orienteraient « naturellement » vers des professions différentes ? », se demande Françoise Vouillot dans son ouvrage Les métiers ont-ils un sexe ?

> Lire notre article sur les métiers gardent un sexe bien marqué

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L’étude de l’Insee illustre bien le constat de cette docteure en psychologie membre du Laboratoire de l’Egalité.

Les femmes restent très présentes dans les services aux particuliers (29 % contre 16 % d’hommes) comme la coiffure et les soins de beauté. Elles sont toujours très nombreuses dans l’enseignement et l’hébergement-restauration.

Elles dominent aussi le domaine de la santé (25 % de femmes contre 11 % d’hommes). « Elles représentent 83 % des infirmiers et sages-femmes, mais seulement 35 % des médecins généralistes et spécialistes« , lit-on dans le rapport de l’Insee.

Écart salarial entre hommes et femmes

Salariées ou dirigeantes, même régime. Selon une précédente étude de l’Insee de 2012, l’écart salarial moyen entre hommes et femmes en France tous secteurs confondus s’élevait à 19,2%. La donne change pour les femmes travaillant en tant qu’indépendantes ou salariées dirigeantes d’entreprise. Elles gagnent 31% de moins que leurs collègues masculins.

Selon l’Insee, cet écart repose en partie sur le fait que les femmes accèdent plus jeunes que les hommes à ces postes à responsabilités (en moyenne de 44,6 ans contre 46,2 ans) et donc bénéficient de moins d’ancienneté dans une même entreprise pour leurs salaires.

L’autre raison importante de cette différence : « le nombre d’heures travaillées moins important sur l’année. » Les femmes restent les plus nombreuses à temps partiel : 30,6% contre seulement 7,2% des hommes, selon une enquête de l’Insee sur l’emploi de 2013.

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Ce sont souvent elles qui arrêtent de travailler après avoir avoir accouché.
Avec un seul enfant, elles sont 83% à retourner travailler contre 96,3% des hommes, toujours selon une enquête de l’Insee sur l’emploi de 2013. Mais elles ne sont plus que 43,6% contre 93,7% de leurs compagnons quand le troisième bébé arrive dans la famille.

Ces chiffres prouvent une fois de plus l’ampleur de travail qu’il reste à fournir pour assurer une plus grande égalité entre hommes et femmes en entreprise. La loi du 4 août 2014 sur « l’égalité réelle entre hommes et femmes » doit y aider. Elle pousse les entreprises à garantir l’égalité professionnelle et salariale et la mixité dans les métiers, entre autres…Reste à attendre les effets de son application.

Source TV5 monde Mise à jour 31.07.2015 à 17:03

par Léa Baron